Le Prieuré

Depuis 977 le prieuré veille de sa hauteur sur la vallée du Rhône et ses vallées confluentes de l’Ouvèze et de la Drôme.

Un site clunisien

Au début du Xe siècle naît dans la chrétienté la volonté de réformer la vie monastique en s’appuyant sur la règle initiée par Saint Benoît. En 910, l’abbaye bénédictine de Cluny est fondée en Bourgogne. Au cours des deux siècles suivants, l’ordre va connaître une expansion européenne sans précédent, l’amenant à contrôler près de 2000 prieurés dont Saint-Pierre de Rompon et ses dépendances.

Un prieuré dépend d’une abbaye. Il est composé d’une chapelle et d’un ensemble de bâtiments conventuels articulés autour d’un cloître. Un prieur nommé par l’abbaye-mère (Cluny) administre la communauté résidante.

Saint-Pierre de Rompon fait partie du réseau de la Fédération Européenne des Sites Clunisiens depuis 2013, date à laquelle il a reçu la rosace emblématique de son appartenance spirituelle, culturelle et historque. La rose aux dix pétales comme les dix provinces de l’ordre est frappée aux armes de l’abbaye de Cluny : les clés de saint Pierre et l’épée, attribut de saint Paul.

Le couvent des chèvres : un peu d’histoire

Quelques éléments découverts en prospection archéologique montrent une occupation du site depuis la période du paléolithique jusqu’à l’époque romaine. Une forteresse rurale couronne du Ve au VIIe siècle le plateau où sera édifié le prieuré au Xe siècle. Un diagnostic effectué en 2003 par l’Institut national de recherche en archéologie préventive (Inrap), a mis en évidence les vestiges de deux tours, protégeant à l’ouest la porte d’entrée au site, dans un épais mur d’enceinte. Des monnaies et fragments d’amphores africaines ont été trouvés qui montrent que cette forteresse a des contacts et des échanges avec le monde méditerranéen.

Une première église Saint-Pierre existe dès le VIIe siècle. Elle fait partie de la donation d’un certain Rodolphe à l’évêque de Viviers. De la fin du VIIe à la fin du Xe siècle on ignore le devenir du site. 

En 977, la donation de Silvius, seigneur local à l’abbaye de Cluny éclaire à nouveau l’histoire du plateau. Dans la « Charte Vieille », de l’église de Viviers, la donation concerne : « …la montagne elle-même et les deux églises (1) qui y sont construites avec les dîmes et les revenus presbytéraux, à condition que l’abbé de Cluny, Mayeul, fonde sur la montagne un monastère de son ordre et y envoie une colonie de religieux. Silvius donne en outre douze serfs à cette Maison de Dieu pour y servir éternellement ».

(1) Une première église Saint-Pierre et la chapelle Saint-Martin du Vieux Rompon            

Aux XIIe et XIIIe siècle, le prieuré est important par l’étendue de ses possessions. Il reçoit 8 paroisses avec leurs revenus, les 6 églises du mandement de Saint-Alban : Saint-Alban, Saint-Julien (-en Saint Alban aujourd’hui), Saint-Cierge-la-Serre, Saint-Gervais de Creyssac, SaintSymphorien-de-Senec (sous Chomérac aujourd’hui) et la chapelle de La Voulte, plus Saint-Etienne-du lac à Privas, et Sainte-Marie-Madeleine du Pouzin (de l’autre côté de l’Ouvèze).

Cette richesse permet au prieur de construire l’église romane dont on peut encore voir les vestiges.

En 1226 Aymar de Poitiers, comte de Valentinois, impose au prieur d’accepter sa suzeraineté qui s’avère très onéreuse. Le prieuré va dès lors décliner et sa dette ne cessera d’augmenter. La destruction des bâtiments va commencer dès la guerre de Cent Ans pour se poursuivre au cours des guerres de religion. Pillages, ravages du temps, irrespect du lieu accentueront la ruine de l’édifice.